Éloge de la lenteur et de la douceur : le Yin Yoga

Il y a quelques années, tandis que j’explorais différentes pratiques de Yoga dans les studios parisiens (pour ne pas mourir idiote:parce que j’étais en quête de l’illumination), je me suis inscrite à un cours de yoga intitulé Yin Yoga en musique live. Je n’avais aucune idée de ce qu’était le Yin Yoga, tout au plus avais-je une vague notion de cette représentation symbolique du Yin et du Yang, les deux facettes opposées et pourtant complémentaires de toute chose. Au préalable j’avais tout de même lu avec soin la présentation du site, pour éviter le trop farfelu… (on n’est jamais trop prudent !) J’étais intriguée…

Ce cours de Yin a été une révélation : l’approche lente, méditative, contemplative, couplée à la musique et la voix enveloppantes de Philippe Beer-Gabel m’ont transportées sur une autre planète. Je suis sortie sur un nuage, la tête dans du coton, comme après un bon verre de vin rouge une grosse séance de natation !


J’y suis retournée, mais il m’a fallu du temps pour comprendre à quel point cette pratique simple n’est pas si facile (pour paraphraser Bernie Clark) et percevoir sa richesse ! Et une chose a été sûre d’emblée : quand je serai prof de Yoga, je serai aussi prof de Yin !

Qu’est-ce donc ?
Dans l’univers foisonnant du Yoga, à quoi correspond le Yin ? Cette discipline invite les pratiquants à s’installer dans les postures avec lenteur, pour aller taquiner avec la frontière, cette zone où le corps commence à avoir du mal à aller plus loin dans la forme que l’on veut lui donner, l’endroit où il faut s’arrêter et contempler ce qui se passe. Les postures (au nombre -plus ou moins- officiel de vingt-cinq, auxquelles s’ajoutent des variantes à l’infini, pour peu que l’on fasse preuve d’imagination et qu’on comprenne comment rendre une asana « yin »…) ont un double objectif : compresser les articulations et allonger les tissus conjonctifs du corps (les fascias, enveloppes des muscles et des organes, ainsi que les tendons et les ligaments). Le corps travaille ainsi dans sa globalité : les jeux de compression créent une forme de stress (dans le bon sens du terme) dans les tissus qui permet de booster le métabolisme et entretient la bonne santé des structures du corps : tout simplement en vue de créer de l’espace et la sensation d’aise qui l’accompagne.

Celui qui n’accepte pas de commencer par faire l’apprentissage du moins est certain de perdre son temps. ⊗ Nicolas Bouvier

Comment pratiquer ?
Trois principes fondamentaux sous-tendent le Yin Yoga.
Le premier est que le pratiquant doit oublier ses habitudes quant aux disciplines dynamiques : entrer dans une posture de Yin, c’est suivre les instructions du professeur pour aller l.e.n.t.e.m.e.n.t (l’antonyme de « rapide !) et s’installer à la frontière. Inutile d’aller plus loin : c’est là que se trouve le point d’arrivée.
Une fois installé, il s’agit de rester plusieurs minutes dans la pose (deuxième principe du Yin). L’objectif étant de faire travailler des tissus qui ont besoin de temps pour réagir (ils sont plastiques, donc pas très élastiques.)
Maintenir l’immobilité pour que le corps se relâche le plus possible et que les effets des postures soient optimales est le troisième et dernier principe.
Afin de favoriser stabilité et confort, il est parfois nécessaire d’utiliser des supports pour soutenir les membres. Les studios mettent à disposition des bolsters (sorte de gros polochon bien rembourrés), des briques, des couvertures. Chez soi, on peut utiliser coussins et oreillers, plaids, pile de livres, vieux bottins qui traineraient oubliés au fond d’un placard, etc. Tout est bon pour arriver à créer un environnement physique qui permettra à la posture d’être stable et confortable.

Rings a bell ? Il semblerait que tout ceci corresponde au premier des 195 Sutras de Patanjali : « Sthira Sukham Asanam » (qui dit que la posture de yoga doit être à la fois ferme et confortable).

À quoi ça sert ?

Quand on a l’impression que le prof nous a oublié dans la Posture de l’Enfant…

L’objectif principal est de se concentrer, d’être présent à ce qui se passe dans son corps pendant la pratique, de capter son mental pour l’associer à ce qu’on fait sur le tapis. Si l’on devait retenir un des enjeux du Yin, c’est bien celui de se défaire de ses habitudes et d’accepter de ne pas tirer pour aller plus loin dans les postures. Comprendre que le Yin Yoga travaille profondément sur le corps, sans que les muscles interviennent est un challenge. L’ego peut donc rester aux vestiaires : les alignements sont inexistants, il faut laisser le corps prendre la forme qui est la sienne, parfaite telle qu’elle est.
Une fois que le corps est posé et installé, il reste une part importante de soi à gérer : la petite voix !!! L’occasion est toute trouvée de se concentrer et commencer à méditer, non ? Puisqu’on n’est pas sensé bouger et qu’il se passe probablement des tas de choses qui attirent l’attention du pratiquant : la compression dans une articulation qui dérange (« Mais quand est-ce qu’on sort de la posture ? ça fait bien dix minutes là non ?« )(« Elle nous a oublié ou quoi?!« ) Plusieurs options s’offrent alors : se focaliser sur la respiration (le souffle encore et toujours, qui peut générer détente et bien-être), envoyer de l’énergie dans les parties les plus sollicitées (accepter la contrainte et se dire qu’elle est passagère favorise le relâchement musculaire car le mental se détend), observer ce qui se passe en soi simplement… Quoi qu’il arrive on reste présent à ce qu’on fait, à ce qui nous arrive : comme pour toute autre discipline de Yoga, l’enjeu est de faire corps avec soi-même, de sortir de l’effervescence du quotidien et d’apprendre à s’accorder du temps. Le Yin oblige à ralentir, à se connecter à notre réalité physiologique, à la cerner, l’appréhender, explorer les blocages que l’on a en soi, et petit à petit s’en libérer.

Envie d’en savoir plus ?

Je termine cet article dans un café de Vancouver. Du 11 au 17 février je participe à la formation de Bernie Clark (un grand monsieur du Yin). Chaque jour, je posterai un petit compte rendu de ma journée dans un post journal de bord (wish me luck !)

Les 13 et 14 avril 2019 j’animerai un stage intensif de 10 heures de Yin Yoga chez Lomey. Les bénéfices physiologiques, le lien avec la tradition du Yoga, la circulation de l’énergie selon la Médecine Traditionnelle Chinoise et l’approche méditative seront abordés. Le stage inclut 7 heures de pratique du Yin. Les infos sont ici et

Fin mai – début juin 2019, j’aurai ensuite l’immense plaisir d’animer le premier training de 50 heures de Yin Yoga chez Lomey toujours. Aficionados de Yin… les inscriptions sont ouvertes. Infos ici et là…

 

 


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.