Journal de bord : 300hr Vinyasa Yoga TT, part. 1 (Jason Crandell, San Francisco, CA)

Day #12 – jeudi 25 juillet 2019 ou le dernier jour

Palpables dans l’air, la fatigue et l’excitation de ceux pour qui ce douzième jour marque la fin du 300hr. Mélange d’envie de rentrer chez soi, mais appréhension du point final donné à cette petite aventure.

J’ai peu évoqué jusqu’à présent la question des ajustements pendant la pratique. La vague Me Too a balayé le petit monde du Yoga avec fracas ces dernières années, et de nombreux gourous renommés ont été accusés d’abus par certains élèves. La scène américaine du Yoga est toujours secouée par ces histoires, et l’impact sur la renommée de l’Ashtanga Vinyasa est perceptible. Il est de bon ton aux États-Unis d’éviter les ajustements. Les studios offrent à l’accueil des plaquettes que les pratiquants peuvent poser à l’avant de leur tapis, afin que le prof sache qu’ils ne veulent pas être touchés pendant la séance. L’intrusion sur le tapis, cet espace qui délimite notre territoire, peut être assez mal vécu. Les ravages provoqués par l’attitude de certains gourous sont problématiques, abîmant l’image d’une discipline qui se rêve au-dessus de bien d’autres. Il est compliqué à l’heure actuelle de réparer les dommages. D’autant que les victimes peinent souvent à se faire entendre (que les faits soient anciens ou pas). Le simple fait d’évoquer la question, et de reconnaître leur existence est aussi un moyen de faire bouger les choses : et d’insister sur le fait que le cours de Yoga doit rester un espace aussi asexué que possible est primordial. Le placement des mains dans les ajustements doit être réalisé avec la paume, sans contact des doigts. Pour que le terrain soit clairement délimité, et sûrement pour se protéger, Jason ne fait appel qu’aux participants masculins pour les démos. La ligne est claire.

Pour en revenir à l’Ashtanga Vinyasa, qui vit en ce moment les heures sombres par lesquelles est passé le Bikram il y a quelques années, Jason a été formé à cette discipline, qu’il a ensuite enseignée pendant plus de cinq ans avant de passer au Vinyasa Yoga. Il a donc appliqué cette méthode qui consiste à pousser le corps du pratiquant encore plus loin dans la pose. Ce qu’il remet en question aujourd’hui, pour la simple raison que le fait de forcer sur les parties mobiles peut provoquer des lésions dans les tissus.

View manual cues the same way we view verbal cues. Manual cues—like verbal cues—simply communicate the actions of the pose to the student. The idea is to use your hands to communicate directly to the student’s body so he or she has a better understanding of the pose. The idea is not to use your hands to press a student further into the pose. You are not a stretching machine that is doing the pose to the student. – Jason Crandell

L’énorme avantage qu’ont les pratiquants sur le prof, c’est de sentir ce qui se passe dans leur corps grâce aux signaux envoyés des tissus vers le cerveau. Informations dont ne profite pas le prof. CQFD. Donc, même si on a l’impression de faire plaisir à l’élève en l’entraînant aux frontières de ses capacités physiques, on lui fait courir un risque. Jason propose une alternative : ancrer les parties du corps qui restent fixes pour aider le pratiquant à trouver plus d’espace, dans le respect de ses limites physiologiques. C’est sur ce principe que nous avons travaillé plusieurs heures à nous ajuster les uns les autres dans des flexions avant. Approche très intéressante et pertinente. À creuser d’ici le prochain module, à Londres ou San Francisco.

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Day #11 – jeudi 25 juillet 2019 ou le jour où tu sens que tout s’imbrique comme par magie

Partager une formation avec quarante-sept autres êtres humains est quelque chose qui nous marque profondément. Ce temps est une bulle, un cocon dans lequel nous nous enfermons et partageons une expérience qui nous transforme (potentiellement pour toujours), dans notre pratique, comme dans notre enseignement.

J’apprécie ces moments suspendus, qui permettent de faire le point. Je suis partie deux fois cette année, ce qui ne m’était jamais arrivé dans le cadre d’un training, ayant fait mes deux 200hr à Paris. Le fait d’être enfermés plusieurs heures par jour pour pratiquer et parler Yoga est intense, et je sens déjà les traces que va laisser ce module en moi…

Jason Crandell a le même souci de simplicité que Mathieu Boldron. Une approche qui reprend par bien des aspects celle de Gérard Arnaud, en évitant les flows qui enchaînent soixante-douze postures d’un côté (toute mesure gardée évidemment), avant de faire l’autre (ce qui a pour conséquence de faire perdre leurs alignements aux élèves)(et en yoga, on aime les alignements. Beaucoup.) Mon séquençage va évoluer sur le moyen terme, j’en suis sûre, mais je ne suis qu’à la fin de ce premier tiers de formation avancée, et j’ai encore beaucoup de choses à découvrir (joie).Les choses vont se mettre en place petit-à-petit.

Quand tout se met en place…

Les deux prochains 100hr sont axés sur hanches+jambes et abdo+colonne vertébrale. Jason est très précis sur l’anatomie, comme je le disais il y a quelques jours, et à ce stade de mon apprentissage, c’est exactement ce dont j’avais besoin. Car il me tient à cœur de proposer des séances structurées de la manière la plus équilibrée et cohérente possible. Je vais prendre le temps de digérer et intégrer ces nouvelles connaissances, puis réfléchir à la manière dont je séquence mes cours de Vinyasa pour ne singer aucun de mes professeurs (et puis, je connais trop de personnes qui seraient déçues de ne plus faire 3mn minimum de Toe Stretch pendant mes cours !)

Cette formation apporte de nouvelles pierres à ce que je construis patiemment (#euphémisme) depuis plus de trois ans. Et je compte prendre le temps de laisser infuser tout cela pour aider mes élèves à évoluer dans leur pratique et dans leur quête d’équilibre (propre comme figurée).

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Day #10 – mercredi 24 juillet 2019 – Ou le jour où on aborde la question du Business du Yoga

Les formations de 300hr sont un biais pour les professeurs d’approfondir leur enseignement. On les dit « avancées » non pas parce qu’on y réalise beaucoup plus de postures difficiles (ce n’est pas le cirque du soleil… encore que, parfois on pourrait presque se poser la question !) mais parce qu’on y affine notre compréhension du fonctionnement du corps, et le bien-être qu’on peut aider nos élèves à trouver. C’est du moins ce que je cherchais en venant ici, d’où mon choix d’enseignant.

Transition vers Eka Pada Rajakapotasana D par Meghan Currie. Nous avons exploré cette asana ce matin. Saut que notre jambe arrière était contre un mur. Et qu’on attrapait notre pied avec une sangle. Et que la jambe avant, si elle était tendue, reposait sur une couverture pliée, ou une brique, très rarement le sol… Pas le cirque du soleil je vous dis…

Pour cette édition de la formation, 95% des participants sont déjà profs, ou bien des profs gérant des studios. Globalement, tout ce petit monde est assez intéressé par les conseils que Jason a à offrir sur le développement de notre activité. Je découvre (sans trop de surprise) que les enjeux sont les mêmes outre Atlantique qu’en France. Les conditions de travail et les difficultés pour faire sa place sont très similaires. Avec cette petite nuance cependant que le marché américain du Yoga est plus développé que le marché français, et beaucoup plus proche de la saturation que le nôtre. (Le Power Yoga est très en vogue, les gens veulent suer et brûler des calories…)

Après avoir insisté sur l’importance de multiplier les types de classe (cours en studio, cours privés, ateliers, retraites…), Jason a évoqué la question des réseaux sociaux. Et de l’importance de ne pas se perdre dans les méandres de l’ego et de baliser notre domaine de communication et les supports sur lesquels on souhaite travailler. Avoir une ligne éditoriale est à son sens primordial, et doit trouver sa place dans notre offre. Il a évoqué quelques choses primordiales et très simples à mettre en place. Et met en garde contre Instagram et la vraie-fausse vitrine que ce média constitue. Nous sommes nombreux à avoir un rapport ambivalent face à ce support, et je commence à entrevoir comment je souhaite faire évoluer ma communication sur ce support et quel lien il peut jouer avec les autres (entre autres ce blog).

J’ai depuis quelques jours l’esprit fourmillant d’idées et d’envies, et je sens que les choses se mettent en place avec des projets qui verront le jour cet automne. Grâce à la confiance que m’accorde Mathieu Boldron (mon mentor Vinyasa), j’ai pu donner ma première formation de Yin Yoga chez Lomey, et cela a occupé une énoooooooorme partie de mon temps libre en début d’année (le temps libre ?! J’avoue que jusqu’à ce que je prenne quelques jours de repos à Londres avec ma fille, je n’ai pas vraiment su ce que c’était !)(ok, j’arrête de me plaindre : bosser sur le sujet a été passionnant, et je sais déjà dans quelle direction je vais emmener la deuxième formation qui aura lieu en février 2020 !) Ce deuxième semestre 2019, j’envisage de le consacrer à la création de contenus… Si vous avez envie de pratiquer tous les jours 15-20 mn avec moi sans quitter votre salon, vous allez être servis !

Curieux ? Let me know…

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Day #9 – mardi 23 juillet 2019 – Ou le jour où tu réalises à quel point Keep it simple est ton mantra

Plus que quelques jours de training… j’avais décidé avant de venir que cette formation sonnait le début de mes vacances. Et je réalise à quel point j’avais tort. Mon corps est courbatu, et mon cerveau (en ébullition) fait liste sur liste : les livres à lire, les séquences à écrire, les choses à partager, les projets nombreux à monter. Faire encore et toujours… Excès de Yang. La période qui vient va nécessiter un peu de discipline pour ralentir. Une bascule vers un temps plus contemplatif s’impose.

Et quelque part, je vois en tous points comment cette formation m’accompagne dans cette prise de conscience. La clé de voûte de l’enseignement de Jason est la pratique physique pour amener les élèves à travailler sur eux-mêmes. Pas de Sutras de Patanjali par ici. On est très loin du Spiritual Bullshit et d’un Yoga New Age qui pourrait nous permettre de dépasser notre ego (petit ou grand) pour mieux nous connecter au Grand Tout. Jason ne manque pas de railler avec beaucoup d’humour certaines dérives qu’il constate depuis des années dans la Scene du Yoga (j’adore cette métaphore utilisée ici pour parler de ce petit monde).

Parmi les livres (nombreux) de la bibliographie que nous avons reçue avant la formation, figurait Le cerveau de Bouddha de Rick Hanson et Dr Richard Mendius. Cet ouvrage dépeint le fonctionnement de notre cerveau, et la manière dont il nous permet de nous préserver en tant qu’individu, afin de perpétuer l’espèce (well done ! Compte tenu du nombre d’humains sur cette planète, le pari est largement gagné). Le bémol, c’est que nos mécanismes de défense peuvent se retourner contre nous (et nous grignoter l’esprit et la santé). L’ouvrage détaille l’aspect scientifique de cette réalité physiologique, mais explique très largement que contrairement à ce que nous avons longtemps cru, le cerveau est capable de neuroplasticité et donc de changer toute la vie. Plutôt que de s’attarder sur le négatif, nous pouvons mettre en place des processus facilitant une appréhension plus heureuse de la vie, et créer de nouveaux chemins neuronaux.

Évidemment, comme tout dans la vie, cela nécessite un travail constant et régulier, de la discipline (Tapas).

Mais de même que nous pouvons nous installer sur notre tapis pour pratiquer et prendre soin de notre corps, nous pouvons nous installer confortablement pour méditer (lire : « nous concentrer ») et ainsi rendre notre vie plus harmonieuse. Choisir ce sur quoi nous portons notre attention est essentiel : nous pouvons nous libérer de modes de réaction sclérosants et rendre notre vie plus agréable.

Know your intention, and pay attention.
Bernie Clark

Jason utilise cette méthode dans son séquençage : les dix premières minutes de la séance sont destinées à attirer l’attention des pratiquants sur certains aspects mécaniques des postures (ensuite déroulées pendant le flow). La stimulation musculaire envoie des signaux au cerveau, qui reste ensuite attentif à ce qui se passe dans les zones stimulées. C’est ce travail d’orfèvre que j’apprécie particulièrement. Cette intelligence de la pratique qui permet de travailler le corps mais aussi de ramener chacun à sa réalité physique, tout en observant ses réactions sur le tapis. On se fiche éperdument du résultat final d’une posture : la pratique sert à renforcer son corps, à stimuler le métabolisme et à savourer le fait d’être en vie et en bonne santé.
Le chemin spirituel est aussi « simple » que ça… qu’on ait un corps super souple ou pas !

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Day #8 – lundi 22 juillet 2019 – Ou le jour où tu aurais pu parler de tes gastrocnémiens douloureux suite au day off passé à arpenter le nord ouest de la ville (mais ça aurait été hors sujet)

Il reste quelques jours de formation, et de nombreux sujets à boucler. Entre autres la question de l’anatomie de l’épaule et du haut du dos (nous sommes partis de la capsule articulaire avant d’ajouter des muscles une couche après l’autre).
La pratique a été consacrée à l’exploration de Visvamitrasana, qui est une des « planches de côté » les plus complexes à maîtriser.

Un petit dessin vaut mieux qu’un long discours…

Jason insiste énormément sur le fait que notre rôle en tant que professeurs est de permettre aux pratiquants de trouver de la force et de la stabilité dans leur corps et dans leurs articulations. Ceci pour la simple et bonne raison qu’il est plus aisé d’avoir des muscles toniques, auxquels on va ensuite donner de la longueur, plutôt que l’inverse. Un corps trop laxe n’a pas de tenue, et les risques de blessures sont multiples.
À cause notre mode de vie, nous avons tendance à tenir des postures qui affaiblissent les chaînes postérieures du corps, et tendent les chaînes antérieures (donc d’un côté on souffre du manque de tonus et de l’autre de tensions dus à l’engagement excessif).

Or, si on s’en tient à la pratique du Vinyasa Yoga, que faisons-nous ? Beaucoup d’étirements passifs des chaînes postérieures du corps en enchaînant les flexions avant : de Uttanasana (j’avoue une de mes postures préférées), vers Ado Mukha Svanasana dans la salutation au soleil, qui peut revenir de nombreuses fois au cours d’une même séance. Quand on en vient aux postures qui peuvent entraîner les cervicales en extension (flexion arrière), quel prof ne frémit pas à l’idée des tensions susceptibles d’être générées dans cette zone, demandant invariablement aux élèves (avec un trémolo d’effroi dans la voix) de garder la tête dans son axe ?! Très peu de temps est consacré au renforcement musculaire des chaînes postérieures, qui en ont pourtant grand besoin.

Un autre petit dessin. Lui aussi ultra explicite…

En effet, notre mode de vie, et les contraintes que subissent nos muscles est une source de perte de tonicité, et cette perte de tonicité risque de causer des dommages sur le long terme. Jason veille donc à construire ses séquences en tenant compte de cette réalité. Il a pris l’habitude d’introduire Salamba Bhujangasana (le Sphinx qui conduit souvent à une planche sur les avant-bras), Salabhasana et Bhujangasana. Aussi bien pour ne pas systématiser Chaturanga Dandasana (une posture qui reste difficile à maîtriser et exécuter convenablement… la répétition n’aidant pas !) que pour renforcer les chaînes postérieures du corps. Le tout en activant les muscles profonds, c’est encore plus savoureux. Le fait de lâcher la tête en arrière dans les postures d’extension du dos peut être un moyen de renforcer les muscles permettant ce mouvement, qui sont très malheureusement étirés et affaiblis du fait de la mauvaise position de la tête (merci la vie de bureau, merci le téléphone portable !)

Mes lectures récentes, et tout le travail de préparation de la formation de Yin Yoga, m’ont amené à réfléchir à ces enjeux, pour améliorer ma proposition de séquences. L’importance de la connaissance du fonctionnement du corps (restons-en à l’approche purement mécanique de la pratique pour l’heure) me paraît plus qu’indispensable. Et de plus en plus, je cerne l’importance d’adapter la pratique aux besoins des élèves, et à leur réalité physiologique. Les encourager à écouter les signaux qu’envoie leur corps, à les comprendre et à en tenir compte fait partie de ce travail.

The amount of disconfort we can alleviate in postures from just trying not to go so far is shocking.
Jason Crandell

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Day #7 – samedi 20 juillet 2019 – Ou le jour où Andrea Ferreti enregistre un podcast pour Yogaland chez Love Story Yoga

Le marché américain du Yoga est en avance sur le nôtre d’une vingtaine d’années (dit-on). Ici, le business du Yoga bat son plein depuis l’époque où les Beatles côtoyaient Maharishi Mahesh Yogi. L‘offre ne manque pas avec des studios qui ont poussé comme des champignons à chaque coin de rue, des formations et des professeurs qui arrivent sur le marché en permanence. Au vu de cette abondance, faire sa place en tant que nouvel arrivant dans le métier ne semble pas aisé. Les studios font passer des auditions aux nouveaux enseignants, le Karma Yoga est monnaie courante pour se faire une place dans une équipe (en échange d’un accès illimité et gratuit aux cours, on peut faire l’accueil, le ménage et peut-être un jour remplacer un prof absent…). Les places sont chères. Pour s’en faire une, plus d’un croit qu’il faut être ultra-actif sur les réseaux sociaux, se montrer sous ses plus beaux atours et fédérer une communauté : se faire remarquer pour pouvoir enseigner davantage.

Jason a commencé à aborder ce sujet : comment vivre de ce métier à l’heure actuelle ? Quel impact peut avoir la communication via les réseaux sociaux sur notre activité ? Est-elle in.dispensable ? Peut-elle devenir une source de revenu ? Une chose avant l’autre : la base, c’est le métier et la façon dont nous l’envisageons. Que cherchons-nous à transmettre, pourquoi et comment ? Jason nous a fourni sa matrice, une grille de réflexion qui peut nous aider à répondre à ces questions. Ce ciblage permet de mieux appréhender son public, et de travailler ses séquences en fonction. Séquences pour des cours, des ateliers, ou des retraites. Voir sur le long terme, et ensuite affiner pour finalement appréhender son enseignement sur une base hebdomadaire.

D’après Jason, l’idéal pour vivre de ce métier, c’est de multiplier les sources de revenu. Ne pas se contenter de cours en studio, mais viser aussi les cours particuliers, en entreprises, les ateliers, et les retraites. Au-delà de l’enseignement pur intervient ensuite la communication autour de cet enseignement. D’après lui, les réseaux peuvent devenir une source de revenu : lorsque l’on commence à être sponsorisé par des marques, à jouer les effigies. Il estime cependant que le nombre de followers est rarement synonyme de succès d’un cours ou d’une retraite. Il met donc en garde contre ce miroir aux alouettes : le taux de conversion reste faible. Annoncer des événements ou faire des rappels de planning ne lui paraît pas pertinent. Par contre, proposer du contenu est quelque chose qu’il fait et recommande (si c’est quelque chose qui nous correspond !)

Don’t think about promoting yourself. Think about promoting Yoga.
– Jason Crandell

Prenons le pour exemple : il est professeur de Yoga depuis plus de quinze ans, et a créé la « Jason Crandell Method ». Il anime depuis cinq ans des formations, après avoir donné des cours, et uniquement cela, pendant des années. À une période de sa vie, il donnait chaque semaine quinze cours par semaine en studio et avait vingt cours particuliers. Maintenant, il donne quatre cours hebdo à San Francisco (cours auxquels assistent une centaine de personnes), anime des week-ends de workshop plusieurs fois par mois, et donne cinq formations par an (des formations initiales ou avancées, dont une à Londres et une à Hong Kong). En terme de communication digitale, Jason a également un site très riche et je vous encourage à aller lire son blog. Il collabore également avec Glo, une plateforme de cours en ligne. Ces cours sont le seul contenu payant qu’il propose. Tout le reste est accessible gratuitement.

Il est marié à Andrea Ferretti, ancienne rédactrice pour Yoga Journal. Depuis trois ans, avec un épisode par semaine, Andrea explore l’univers du Yoga et du bien-être. Elle aide également Jason à mettre en forme le contenu de son site.

Un des meilleurs podcasts sur le sujet…

Ayant évoqué tous ces points, il nous a proposé de poser des questions sur la manière dont il développe son contenu éditorial. Ces questions ont été ensuite triées et quelques heures plus tard, Andrea est venue enregistrer un nouveau Podcast chez Love Story Yoga pour y répondre… à découvrir bientôt en ligne !

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Day #6 – vendredi 19 juillet 2019 – Ou le jour où nous arrivons à mi-parcours de ce module, et où je vous révèle ce à quoi je n’étais pas préparée…

Déjà une semaine que je suis à San Francisco. Et que je mijote quotidiennement dans la salle de Love Story Yoga avec près de soixante autres êtres humains. Dans la chaleur et l’humidité d’une pièce sans fenêtre. Ici pas de clim’. Je découvre petit-à-petit à quel point cette ville est différente de ce que je connaissais déjà des États-Unis. Et à quel point je n’étais pas préparée à certains aspects de ce voyage. Rien de complètement fou, mais le mini choc culturel m’impacte.

Quand je suis venue pour la première fois en 1996, j’ai atterri à Wichita, Kansas, où j’ai passé dix mois en tant qu’exchange student. La formule séduit pas mal dans les zones un peu moins peuplées du centre des States : elle permet une forme d’ouverture culturelle aux familles. Et j’ai eu la chance d’être très chouettement accueillie dans la mienne. Mais je m’égare… J’ai eu une vision des américains, et me suis fait quelques idées sur leur mode de vie. Idées plus ou moins renforcées lors d’autres voyages : sur la côte est, au Colorado, au Texas… J’ai toujours trouvé les échanges faciles en surface avec les personnes que je rencontrais, mais une difficulté à pousser plus loin, à créer de véritables liens (sauf avec la famille qui m’a hébergé, et à qui je revenais rendre visite). Tout là-bas semble appeler à l’excès : de la clim’ poussée à fond, à l’alimentation ultra-accessible et excessivement servie, en passant par les voitures surdimensionnées (tout comme leurs occupants généralement).

Mais il y a huit jours j’ai atterri dans un tout autre endroit. Je ne dirais pas que je n’y ai aucuns repères (n’exagérons pas), mais là où j’ai toujours vu une Amérique de la réussite, et où j’ai pu globalement avoir un aperçu du rêve américain, San Francisco me montre un autre visage. La ville est incroyable, magnifique, mais déroutante humainement. J’ai pu me balader pas mal le premier jour, et j’ai un peu exploré les environs du studio en soirée (le Dolores Park est à deux pas). Je dois dire que la misère que je croise quotidiennement me choque. Le premier jour, après quelques kilomètres de marche, j’ai réalisé à quel point elle est omniprésente. Et par la suite, mes collègues de formation m’ont alertée sur les rues aux abords de Valencia street que je ne dois pas emprunter. Le « enjoy your privileges » lancé par un hobo il y a trois jours résonne encore dans mes oreilles.


Et j’avais besoin de poster ici que cela me travaille d’appartenir à cet « univers du Yoga », qui prône le fait que nous sommes tous liés, et de sentir cette disparité sociale et économique (je passe rapidement sur le fait que notre Sangha est composé à 90% de caucasiens). Et je reprends mes réflexions sur le fait de trouver un biais qui me permettrait d’offrir des cours à des personnes n’y aillant pas accès. Histoire d’être cohérente avec ma vision du Yoga. Parce que le Yoga est une pratique formidable, qui reste malheureusement un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre, loin de là. Je ne veux pas fermer les yeux sur ce les disparités sociales, et ce monde qui fonctionne de plus en plus à deux vitesses, avec une répartition des ressources intolérable.

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Pour en revenir à nos moutons, ce sixième jour a permis de poursuivre l’exploration du corps humain (en tout bien tout honneur) et de l’anatomie du coude et du poignet. Le tout en envisageant les manières d’adapter certaines postures en fonction des profils morphologiques. J’aime cette approche qui implique de sortir des alignements intelligemment pour mieux les interpréter.

All the same but all different

Au cours de quelques discussions, nous avons également abordé le séquençage : en l’envisageant comme un programme sur plusieurs semaines; pour que les pratiquants apprennent à utiliser et sentir au mieux certaines parties du corps. Et aujourd’hui, nous avons fait un pas en arrière pour amener cette réflexion sur un plan plus vaste encore : envisager ce qui nous meut, en tant que professeur. Réfléchir à ce que nous souhaitons transmettre pour pouvoir le diffuser intelligemment dans nos classes, ateliers, retraites, mais aussi dans notre communication… mais je détaillerai cela plus tard… le cerveau de Bouddha m’attend. Demain, nous commençons nos discussions de groupe autour de cette lecture !

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Day #5 – jeudi 18 juillet 2019 – Ou le jour où je suis parvenue à écoute r ce que disait le prof pendant Savasana après plus de quatre heures de pratique (yeah!)(ceux qui savent, savent !)

⌈Petit aparté : hier soir, il y a un bug sur l’administrateur du site. Impossible de reprendre la rédaction du Journal de bord sur le post d’origine. Comme je n’ai pas de patience, que je tenais à écrire quelques lignes, j’ai perdu beaucoup de temps à essayer de résoudre le problème. Très compliqué et technique comme je l’ai découvert plus tard… un problème de cache de navigateur (no comment). Bref, tout ça pour dire que j’ai pas mal de choses à évoquer sur ce voyage, mais que ça devra attendre un moment où j’ai plus de temps… pour l’heure, here we go…

À la fin de chaque cours, Jason laisse les pratiquants en Savasana, mais profite de l’entrée dans la posture (oui, Savasana est une posture, une vraie, pas une sieste) pour revenir sur un aspect de la pratique, un point philosophique ou quelque chose sur quoi méditer. C’est, depuis que je suis arrivée, un moment critique pour moi, car avec la fatigue accumulée ces derniers mois, le jet-lag, et le relâchement après une longue séance, je sombre en deux secondes dans cet espace entre éveil et sommeil, cette zone particulière où j’ai l’impression d’être encore là, mais où un état différent de conscience a pris le relais. Systématiquement, je m’accroche, luttant pour retenir avec attention ce qu’il dit, comme au réveil, lorsque l’on cherche à retenir les bribes d’un rêve qui déjà s’efface.

Ce soir, après avoir travaillé à nouveau autour de Eka Pada Galavasana, et autres postures d’équilibres sur les mains, Jason est revenu sur le fait que la maîtrise ou non d’une posture, ou d’une série de postures, n’a rien à voir avec le fait d’être un bon Yogi ou pas. Que ce qui est visible à l’extérieur ne reflète en rien l’état intérieur dans lequel est plongé le pratiquant. Un « bon » Yogi ne se juge pas à l’aune de la maîtrise de ses asanas, mais à l’état de concentration dans lequel il les exécute. Et que ceci ne peut être connu des personnes qui l’entourent.

Un bon moyen de rassembler tous les participants, après une pratique où les niveaux étaient très variables (la classe a eu lieu à 16h30 et était obligatoires pour les personnes inscrites à la formation…) Une jolie façon de rappeler que le Yoga est bien plus que les prouesses accomplies sur le tapis. Mais bien un état de connexion à ce qui se passe sur ledit tapis. Et en dehors.

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Day #4 – mercredi 17 juillet 2019 – où le jour où je me suis demandé si j’allais retirer le « Pec Stress » de mon enseignement de Yin Yoga…

Avant tout, un tout petit peu d’anatomie (histoire de parler le même langage).
L’épaule est l’articulation la plus mobile du corps humain : elle peut bouger dans trois plans différents. Ce qui nous permet une foultitude de mouvements… Malheureusement, ce potentiel la rend relativement instable (on ne peut pas tout avoir). Pour que l’humérus puisse rouler contre la glène (la partie en forme de soucoupe de l’omoplate sur laquelle il s’insère), il faut que d’autres structures assurent la stabilité de l’articulation. Charge aux ligaments, tendons et autres tissus conjonctifs de cette région de jouer ce rôle. Dans 95% des blessures, ce sont les ligaments antérieurs qui sont touchés : ils sont les plus fins et faibles, donc potentiellement plus susceptibles de céder en cas d’étirements intenses… (petit mémo : un ligament à une capacité d’étirement de 4%)(On n’aime donc pas les étirer).
Peut-être que vous commencez à voir où je veux en venir…

En cas de luxation de l’épaule, ces ligaments sont très fréquemment lésés. (Ouch!)
Le rôle des ligaments antérieurs est de prévenir la rotation externe de la tête de l’humérus et de maintenir la stabilité antérieure de l’épaule en abduction (lorsque l’humérus s’éloigne du buste). Bien.
Pour ce quatrième jour de formation, nous avons commencé à évoquer les différentes pathologies auxquelles nous pouvons être confrontés dans nos classes. L’idée étant de savoir proposer des alternatives aux pratiquants qui en sont victimes.
Jason a très clairement insisté sur le fait que nous ne devrions J.A.M.A.I.S faire la posture suivante :

 

(une petite image plutôt qu’un long discours)

Or, j’utilise très souvent cette posture en cours de Yin Yoga : elle permet d’ouvrir les épaules, étire les pecs et est parfaite pour travailler en acupression sur le méridien du Cœur ! Cœur qui a marqué un petit temps d’arrêt face au couperet de mon formateur. J’intégre ce qu’il a dit.
Avec des réserves. Car encore une fois, je pense qu’il s’agit aussi de juste mesure. La fréquence et la manière dont nous faisons les postures entre évidemment en ligne de compte ! Pour ma part, je vais continuer à insister dans mes classes de Yin Yoga sur le fait que l’on doit entrer lentement dans la posture, écouter ce que chuchote le corps et se respecter. Car en terme de fréquence, répéter dans tous les cours qu’il faut aller à 60% de ces capacités me semble le minimum. Se débarrasser de nos penchants Yang demande du temps.

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Day #3 – mardi 16 juillet 2019 – Ou le jour où je me suis réveillée dans une flaque de ma propre sueur…

Deux soirs par semaine, Jason donne cours chez Love Story Yoga (le studio sur Valencia Street qui accueille la formation). Il a convié les participants au training à rester pour ses classes des mardi et jeudi soirs. Nous expliquant qu’il travaille de manière consistante sur une famille de postures chaque mois. Pour le justifier, il prend l’analogie de la leçon de piano : quand on prend des cours, on travaille une partition plusieurs semaines de suite, avant d’explorer d’autres morceaux. Sinon, on ne maîtrise jamais rien. Question de bon sens. Nous savions avant de nous lancer que nous étions embarqués pour une séquence autour de Eka Pada Galavasana.

Après cette troisième journée de training, où nous avons continué d’explorer l’amplitude active de mouvement au cours de la pratique, puis observé la manière dont les omoplates s’attachent à la colonne vertébrale (musculairement parlant) avant de finir par une petite séance de Yin autour de ladite colonne, j’étais rincée. Mais bien décidée à ne pas manquer cette chance de prendre une classe collective avec lui, pour voir un peu l’ambiance (mode « étude sociologique » on). Et puis j’ai profité de la pause pour recharger les batteries en dévorant un cinnamon bun très léger, glacé et couvert de noix de pécan et de pépites de chocolat… super adapté avant de prendre mon envol de pigeon (même pas royal !)
Je suis tellement enthousiaste par rapport à sa façon de construire ses classes. Tout est ciselé et efficace, pertinent et constructif. Le tout mâtiné d’humour et de réflexions philosophiques et spirituelles, histoire de rendre le bonhomme définitivement charmant. Tout a été mené de manière fluide et cohérente, nous préparant à la posture finale. Malheureusement, c’était sans compter sur le fait que nous étions au moins cent-vingt pratiquants dans la pièce et qu’au bout de trente minutes, mon tapis anti-dérapant était couvert de sueur (la mienne mais peut-être aussi un peu celle de mes voisins !) J’ai transformé mon tee-shirt en serviette, pour pouvoir poursuivre la pratique sans glisser trop lamentablement. J’ai tout de même réussi à passer la transition de Eka Pada Galavasana vers Eka Pada Koudinyasana II (« Coucou mon ego ! » Encore et encore…)

Le bonhomme dans Eka Pada Galavasana…

Après quelques étirements passifs et de jolies torsions (dont une version de Pasasana que je ne connaissais pas) j’ai pu profiter de ma petite piscine pendant un Savasana plutôt mérité.

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Day #2 – lundi 15 juillet 2019 – ou le jour où il est question de force

Toi qui as l’œil, il n’aura pas échappé à ta vigilance que je n’ai pas vraiment parlé de la première journée de formation dans le premier post… (hum). Par contre, tu auras noté que le contenu de ce module concerne les épaules, les cervicales et le haut du dos. Et peut-être que tu piaffes d’impatience d’en apprendre davantage (parce que tu sais que l’épaule est l’articulation la plus complexe du corps humain) ?

Patience, ça vient..

Ce module est le dernier donné à San Francisco avant le démarrage d’une nouvelle session de formations (oui, je commence par la fin, mais on a dit qu’on pouvait le faire dans n’importe quel ordre, donc…) En guise de cercle d’ouverture, les nouveaux arrivants se sont présentés rapidement au groupe. Puis Jason a pris le temps d’expliquer le déroulé du module : chaque jour débute avec quinze minutes de méditation, suivies de deux heures de pratique et d’une heure de théorie. Les après-midis sont l’occasion d’explorer l’anatomie, de réfléchir au séquençage et d’affiner la transmission aux élèves. Une brève pratique peut ponctuellement clôturer la journée. Jason propose aussi des temps de discussion (par groupes de cinq ou six) pour partager connaissances et expériences.

Hier et aujourd’hui, nous avons pratiqué donc. Une pratique lente, mécaniquement parfaite et précise pour clairement cerner ce qu’il se passe dans le haut du corps et affiner sa proprioception.
Approfondissement de la protraction et de la rétraction des épaules, en passant par l’amplitude de mouvement active (ou l’art et la manière d’utiliser les muscles directement concernés par un mouvement pour emmener une articulation dans une direction, sans chercher à utiliser des muscles accessoires !)(Bientôt une petite vidéo pour vous faire faire Garudasana de la sorte !)

Tout comme le propose Bernie Clark, Jason décortique les postures et la mécanique du corps. L’objectif du prof de Vinyasa est de proposer une pratique qui permette d’équilibrer les différentes forces physiques, tout en préservant la longueur musculaire dans toutes les parties du corps. Le Vinyasa étant une technique idéale pour travailler la force isométrique (celle où les muscles agonistes, aka ceux qui entraînent un mouvement dans une articulation, soient actifs sans qu’il y ait de changement de longueur, donc en restant statiques.)(Si vous ne voyez pas de quoi je parle, rappelez-vous la dernière fois que vous avez tenu ce guerrier II plus de 3 mn et la joyeuse cuisson que vous avez ressenti dans la jambe avant !)

Exploration de l’anatomie de l’épaule, en partant des os et en ajoutant une couche de tissu conjonctif par dessus une autre, autour des quatre articulations qui la composent. Comprendre la mécanique pour cerner l’importance de ce que l’on fait faire aux pratiquants, et pourquoi les préserver de Chaturanga Dandasana mal exécutés est primordial.
Et puis, au-delà de ça, avoir le plaisir de sentir en soi la mécanique qui entraîne enfin mon Bakasana coudes fléchis vers un Bakasana bras tendus (petite joie)(coucou mon ego !)… vivement la rentrée qu’on explore ça en cours !!! (Enfin « vivement », on se comprend…)

Je file relire Le cerveau de Bouddha de Rick Hanson, que nous devrons évoquer en discussions de groupes d’ici quelques jours.

∴ ∴ ∴

Day #1 – dimanche 14 juillet 2019 – ou le jour où je reviens sur l’entrée en matière

Le blog est resté en standby ces derniers mois, et je pensais sincèrement que nous pourrions vous concocter quelques jolies notes Aude et moi (ou à défaut au moins déposer ici notre recette de Golden Milk). Mais nous avons couru entre les formations à préparer, les cours à boucler (pour petits et grands), et mille autres choses qui nous ont bien occupées, entre Cuba, Londres et Paris.

quand tu tentes de maintenir le cap, mais que la vie te met des batons dans les roues

Il fallait bien une petite virée aux États-Unis, pour démarrer un 300hr en Vinyasa pour que j’aie une folle et furieuse envie de remettre par écrit mes impressions.

But first thing first, quelle formation ? Dans le petit univers du Yoga (ils appellent ça the scene ici), pour devenir prof, il faut commencer par une formation initiale de 200hr. Une fois qu’elle est validée, dans quelque branche du Yoga que ce soit, on peut commencer à enseigner. Première étape. Pour se perfectionner, il existe ensuite une formation de 300hr, qui permet de compléter cet enseignement initial (et d’aller plus loin encore dans la transmission, puisque l’on peut envisager alors de devenir formateur). Deuxième étape. (Je ne lance pas ici la question de faire d’autres 200hrs, pour rester simple, mais c’est quelque chose que je recommande vivement !)

Formée au Vinyasa par Gérard Arnaud en 2016 puis Mathieu Boldron en 2018, j’ai eu envie d’explorer davantage la discipline en démarrant un 300. Mais, me demanderez-vous, « Pourquoi Jason Crandell ? » (et puis, c’est qui d’abord ?)

(Oui : Pourquoi?)

Long story short
À dix-huit ans, j’ai passé un an dans une famille américaine (au beau milieu des plaines du Kansas). J’ai attendu désespérément une tornade, qui semblait être la seule promesse d’attraction locale. Je n’en ai jamais vu (ni de près, ni de loin). Bref. J’ai tout de même gardé de ce voyage une petite appétence pour l’anglais (et une amie pour la vie). Des années plus tard, quand j’ai commencé le Yoga, je me levais religieusement à 6h00 pour faire une petite pratique de trente minutes, généralement avec une vidéo sélectionnée sur la chaîne Youtube de Yoga with Adrienne ou Yoga by Candace, quand ce n’était pas Tara Stiles… Un jour, j’ai vu un reportage sur des profs de Yoga américains (Why we breathe?) où apparaissaient Dice Iida-Klein. Suite à ça, j’ai pris un abonnement à YogaGlo, pour avoir accès à plus de vidéos et pour pouvoir explorer un peu la pratique d’autres profs.
J’ai ainsi commencé à pratiquer avec Jason Crandell, dont j’appréciais la simplicité de l’approche. Des séquences basiques, très bien expliquées sur le plan anatomique. Des étapes bien ciblées pour entrer dans les postures, un séquençage efficace.

Et puis, magie de la vie : Jason fait partie de ces profs qui ont à cœur de partager. Il le fait magistralement sur le blog de son site qui regorge de séquences, d’articles sur l’anatomie et autres. Sa femme, Andrea Ferreti, l’accompagne dans son travail, tout en animant le podcast Yogaland (des heures et des heures d’écoute!!!) Bref… en naviguant sur le site, j’ai découvert que Jason donnait son 300 en modules de 100 et j’ai trouvé le concept pratique. Car personnellement, j’avais deux freins énormes à la perspective de faire un 300 à l’étranger : ne pas voir ma fille pendant près de six semaines, et abandonner mes élèves dans la foulée… Pouvoir scinder la formation en trois fois, et être libre de l’organiser à ma convenance (pas de timing imposé ! Chacun programme sa formation à son gré, son rythme).
Cette année, peut-être l’effet de la quarantaine, peut-être parce que j’ai été happée par la soif d’apprendre suite au training de Bernie Clark, peut-être parce que j’avais envie de voyager… (sûrement un mix de tout cela!) j’ai décidé de démarrer ce 300. Je comptais suivre mon premier module à Londres au mois d’août, mais terrible coup du sort, au moment de m’inscrire, plus de places ! J’ai du me « rabattre » sur un autre module à San Francisco : shoulders, neck and upper back. Cela tombe à pic : depuis quelques mois ma ceinture scapulaire me joue des tours…

Et pour la blague, il y a quelques semaines, Jason a évoqué le Yin Yoga et toutes les réserves qu’il a par rapport à cette discipline sur Yogaland. Tollé. La communauté de Yinsters a réclamé un droit de réponse, demandant l’intervention de Bernie Clark. J’ai suivi ça de loin, souriant à l’idée que cette année je me forme auprès d’eux deux…

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Day #6 – vendredi 19 juillet 2019 – Ou le jour où nous arrivons à mi-parcours de ce module, et où je vous révèle ce à quoi je n’étais pas préparée…

Déjà une semaine que je suis à San Francisco. Et que je mijote quotidiennement dans la salle de Love Story Yoga avec près de soixante autres êtres humains. Dans la chaleur et l’humidité d’une pièce sans fenêtre. Ici pas de clim’. Je découvre petit-à-petit à quel point cette ville est différente de ce que je connaissais déjà des États-Unis. Et à quel point je n’étais pas préparée à certains aspects de ce voyage. Rien de complètement fou, mais le mini choc culturel m’impacte.

Quand je suis venue pour la première fois en 1996, j’ai atterri à Wichita, Kansas, où j’ai passé dix mois en tant qu’exchange student. La formule séduit pas mal dans les zones un peu moins peuplées du centre des States : elle permet une forme d’ouverture culturelle aux familles. Et j’ai eu la chance d’être très chouettement accueillie dans la mienne. Mais je m’égare… J’ai eu une vision des américains, et me suis fait quelques idées sur leur mode de vie. Idées plus ou moins renforcées lors d’autres voyages : sur la côte est, au Colorado, au Texas… J’ai toujours trouvé les échanges faciles en surface avec les personnes que je rencontrais, mais une difficulté à pousser plus loin, à créer de véritables liens (sauf avec la famille qui m’a hébergé, et à qui je revenais rendre visite). Tout là-bas semble appeler à l’excès : de la clim’ poussée à fond, à l’alimentation ultra-accessible et excessivement servie, en passant par les voitures surdimensionnées (tout comme leurs occupants généralement).

Mais il y a huit jours j’ai atterri dans un tout autre endroit. Je ne dirais pas que je n’y ai aucuns repères (n’exagérons pas), mais là où j’ai toujours vu une Amérique de la réussite, et où j’ai pu globalement avoir un aperçu du rêve américain, San Francisco me montre un autre visage. La ville est incroyable, magnifique, mais déroutante humainement. J’ai pu me balader pas mal le premier jour, et j’ai un peu exploré les environs du studio en soirée (le Dolores Park est à deux pas). Je dois dire que la misère que je croise quotidiennement me choque. Le premier jour, après quelques kilomètres de marche, j’ai réalisé à quel point elle est omniprésente. Et par la suite, mes collègues de formation m’ont alertée sur les rues aux abords de Valencia street que je ne dois pas emprunter. Le « enjoy your privileges » lancé par un hobo il y a trois jours résonne encore dans mes oreilles.


Et j’avais besoin de poster ici que cela me travaille d’appartenir à cet « univers du Yoga », qui prône le fait que nous sommes tous liés, et de sentir cette disparité sociale et économique (je passe rapidement sur le fait que notre Sangha est composé à 90% de caucasiens). Et je reprends mes réflexions sur le fait de trouver un biais qui me permettrait d’offrir des cours à des personnes n’y aillant pas accès. Histoire d’être cohérente avec ma vision du Yoga. Parce que le Yoga est une pratique formidable, qui reste malheureusement un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre, loin de là. Je ne veux pas fermer les yeux sur ce les disparités sociales, et ce monde qui fonctionne de plus en plus à deux vitesses, avec une répartition des ressources intolérable.

Pour en revenir à nos moutons, ce sixième jour a permis de poursuivre l’exploration du corps humain (en tout bien tout honneur) et de l’anatomie du coude et du poignet. Le tout en envisageant les manières d’adapter certaines postures en fonction des profils morphologiques. J’aime cette approche qui implique de sortir des alignements intelligemment pour mieux les interpréter.

All the same but all different

Au cours de quelques discussions, nous avons également abordé le séquençage : en l’envisageant comme un programme sur plusieurs semaines; pour que les pratiquants apprennent à utiliser et sentir au mieux certaines parties du corps. Et aujourd’hui, nous avons fait un pas en arrière pour amener cette réflexion sur un plan plus vaste encore : envisager ce qui nous meut, en tant que professeur. Réfléchir à ce que nous souhaitons transmettre pour pouvoir le diffuser intelligemment dans nos classes, ateliers, retraites, mais aussi dans notre communication… mais je détaillerai cela plus tard… le cerveau de Bouddha m’attend. Demain, nous commençons nos discussions de groupe autour de cette lecture !

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Day #5 – jeudi 18 juillet 2019 – Ou le jour où je suis parvenue à écoute r ce que disait le prof pendant Savasana après plus de quatre heures de pratique (yeah!)(ceux qui savent, savent !)

⌈Petit aparté : hier soir, il y a un bug sur l’administrateur du site. Impossible de reprendre la rédaction du Journal de bord sur le post d’origine. Comme je n’ai pas de patience, que je tenais à écrire quelques lignes, j’ai perdu beaucoup de temps à essayer de résoudre le problème. Très compliqué et technique comme je l’ai découvert plus tard… un problème de cache de navigateur (no comment). Bref, tout ça pour dire que j’ai pas mal de choses à évoquer sur ce voyage, mais que ça devra attendre un moment où j’ai plus de temps… pour l’heure, here we go…

À la fin de chaque cours, Jason laisse les pratiquants en Savasana, mais profite de l’entrée dans la posture (oui, Savasana est une posture, une vraie, pas une sieste) pour revenir sur un aspect de la pratique, un point philosophique ou quelque chose sur quoi méditer. C’est, depuis que je suis arrivée, un moment critique pour moi, car avec la fatigue accumulée ces derniers mois, le jet-lag, et le relâchement après une longue séance, je sombre en deux secondes dans cet espace entre éveil et sommeil, cette zone particulière où j’ai l’impression d’être encore là, mais où un état différent de conscience a pris le relais. Systématiquement, je m’accroche, luttant pour retenir avec attention ce qu’il dit, comme au réveil, lorsque l’on cherche à retenir les bribes d’un rêve qui déjà s’efface.

Ce soir, après avoir travaillé à nouveau autour de Eka Pada Galavasana, et autres postures d’équilibres sur les mains, Jason est revenu sur le fait que la maîtrise ou non d’une posture, ou d’une série de postures, n’a rien à voir avec le fait d’être un bon Yogi ou pas. Que ce qui est visible à l’extérieur ne reflète en rien l’état intérieur dans lequel est plongé le pratiquant. Un « bon » Yogi ne se juge pas à l’aune de la maîtrise de ses asanas, mais à l’état de concentration dans lequel il les exécute. Et que ceci ne peut être connu des personnes qui l’entourent.

Un bon moyen de rassembler tous les participants, après une pratique où les niveaux étaient très variables (la classe a eu lieu à 16h30 et était obligatoires pour les personnes inscrites à la formation…) Une jolie façon de rappeler que le Yoga est bien plus que les prouesses accomplies sur le tapis. Mais bien un état de connexion à ce qui se passe sur ledit tapis. Et en dehors.

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Day #4 – mercredi 17 juillet 2019 – où le jour où je me suis demandé si j’allais retirer le « Pec Stress » de mon enseignement de Yin Yoga…

Avant tout, un tout petit peu d’anatomie (histoire de parler le même langage).
L’épaule est l’articulation la plus mobile du corps humain : elle peut bouger dans trois plans différents. Ce qui nous permet une foultitude de mouvements… Malheureusement, ce potentiel la rend relativement instable (on ne peut pas tout avoir). Pour que l’humérus puisse rouler contre la glène (la partie en forme de soucoupe de l’omoplate sur laquelle il s’insère), il faut que d’autres structures assurent la stabilité de l’articulation. Charge aux ligaments, tendons et autres tissus conjonctifs de cette région de jouer ce rôle. Dans 95% des blessures, ce sont les ligaments antérieurs qui sont touchés : ils sont les plus fins et faibles, donc potentiellement plus susceptibles de céder en cas d’étirements intenses… (petit mémo : un ligament à une capacité d’étirement de 4%)(On n’aime donc pas les étirer).
Peut-être que vous commencez à voir où je veux en venir…

En cas de luxation de l’épaule, ces ligaments sont très fréquemment lésés. (Ouch!)
Le rôle des ligaments antérieurs est de prévenir la rotation externe de la tête de l’humérus et de maintenir la stabilité antérieure de l’épaule en abduction (lorsque l’humérus s’éloigne du buste). Bien.
Pour ce quatrième jour de formation, nous avons commencé à évoquer les différentes pathologies auxquelles nous pouvons être confrontés dans nos classes. L’idée étant de savoir proposer des alternatives aux pratiquants qui en sont victimes.
Jason a très clairement insisté sur le fait que nous ne devrions J.A.M.A.I.S faire la posture suivante :

 

(une petite image plutôt qu’un long discours)

Or, j’utilise très souvent cette posture en cours de Yin Yoga : elle permet d’ouvrir les épaules, étire les pecs et est parfaite pour travailler en acupression sur le méridien du Cœur ! Cœur qui a marqué un petit temps d’arrêt face au couperet de mon formateur. J’intégre ce qu’il a dit.
Avec des réserves. Car encore une fois, je pense qu’il s’agit aussi de juste mesure. La fréquence et la manière dont nous faisons les postures entre évidemment en ligne de compte ! Pour ma part, je vais continuer à insister dans mes classes de Yin Yoga sur le fait que l’on doit entrer lentement dans la posture, écouter ce que chuchote le corps et se respecter. Car en terme de fréquence, répéter dans tous les cours qu’il faut aller à 60% de ces capacités me semble le minimum. Se débarrasser de nos penchants Yang demande du temps.

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Day #3 – mardi 16 juillet 2019 – Ou le jour où je me suis réveillée dans une flaque de ma propre sueur…

Deux soirs par semaine, Jason donne cours chez Love Story Yoga (le studio sur Valencia Street qui accueille la formation). Il a convié les participants au training à rester pour ses classes des mardi et jeudi soirs. Nous expliquant qu’il travaille de manière consistante sur une famille de postures chaque mois. Pour le justifier, il prend l’analogie de la leçon de piano : quand on prend des cours, on travaille une partition plusieurs semaines de suite, avant d’explorer d’autres morceaux. Sinon, on ne maîtrise jamais rien. Question de bon sens. Nous savions avant de nous lancer que nous étions embarqués pour une séquence autour de Eka Pada Galavasana.

Après cette troisième journée de training, où nous avons continué d’explorer l’amplitude active de mouvement au cours de la pratique, puis observé la manière dont les omoplates s’attachent à la colonne vertébrale (musculairement parlant) avant de finir par une petite séance de Yin autour de ladite colonne, j’étais rincée. Mais bien décidée à ne pas manquer cette chance de prendre une classe collective avec lui, pour voir un peu l’ambiance (mode « étude sociologique » on). Et puis j’ai profité de la pause pour recharger les batteries en dévorant un cinnamon bun très léger, glacé et couvert de noix de pécan et de pépites de chocolat… super adapté avant de prendre mon envol de pigeon (même pas royal !)
Je suis tellement enthousiaste par rapport à sa façon de construire ses classes. Tout est ciselé et efficace, pertinent et constructif. Le tout mâtiné d’humour et de réflexions philosophiques et spirituelles, histoire de rendre le bonhomme définitivement charmant. Tout a été mené de manière fluide et cohérente, nous préparant à la posture finale. Malheureusement, c’était sans compter sur le fait que nous étions au moins cent-vingt pratiquants dans la pièce et qu’au bout de trente minutes, mon tapis anti-dérapant était couvert de sueur (la mienne mais peut-être aussi un peu celle de mes voisins !) J’ai transformé mon tee-shirt en serviette, pour pouvoir poursuivre la pratique sans glisser trop lamentablement. J’ai tout de même réussi à passer la transition de Eka Pada Galavasana vers Eka Pada Koudinyasana II (« Coucou mon ego ! » Encore et encore…)

Le bonhomme dans Eka Pada Galavasana…

Après quelques étirements passifs et de jolies torsions (dont une version de Pasasana que je ne connaissais pas) j’ai pu profiter de ma petite piscine pendant un Savasana plutôt mérité.

∴ ∴ ∴

Day #2 – lundi 15 juillet 2019 – ou le jour où il est question de force

Toi qui as l’œil, il n’aura pas échappé à ta vigilance que je n’ai pas vraiment parlé de la première journée de formation dans le premier post… (hum). Par contre, tu auras noté que le contenu de ce module concerne les épaules, les cervicales et le haut du dos. Et peut-être que tu piaffes d’impatience d’en apprendre davantage (parce que tu sais que l’épaule est l’articulation la plus complexe du corps humain) ?

Patience, ça vient..

Ce module est le dernier donné à San Francisco avant le démarrage d’une nouvelle session de formations (oui, je commence par la fin, mais on a dit qu’on pouvait le faire dans n’importe quel ordre, donc…) En guise de cercle d’ouverture, les nouveaux arrivants se sont présentés rapidement au groupe. Puis Jason a pris le temps d’expliquer le déroulé du module : chaque jour débute avec quinze minutes de méditation, suivies de deux heures de pratique et d’une heure de théorie. Les après-midis sont l’occasion d’explorer l’anatomie, de réfléchir au séquençage et d’affiner la transmission aux élèves. Une brève pratique peut ponctuellement clôturer la journée. Jason propose aussi des temps de discussion (par groupes de cinq ou six) pour partager connaissances et expériences.

Hier et aujourd’hui, nous avons pratiqué donc. Une pratique lente, mécaniquement parfaite et précise pour clairement cerner ce qu’il se passe dans le haut du corps et affiner sa proprioception.
Approfondissement de la protraction et de la rétraction des épaules, en passant par l’amplitude de mouvement active (ou l’art et la manière d’utiliser les muscles directement concernés par un mouvement pour emmener une articulation dans une direction, sans chercher à utiliser des muscles accessoires !)(Bientôt une petite vidéo pour vous faire faire Garudasana de la sorte !)

Tout comme le propose Bernie Clark, Jason décortique les postures et la mécanique du corps. L’objectif du prof de Vinyasa est de proposer une pratique qui permette d’équilibrer les différentes forces physiques, tout en préservant la longueur musculaire dans toutes les parties du corps. Le Vinyasa étant une technique idéale pour travailler la force isométrique (celle où les muscles agonistes, aka ceux qui entraînent un mouvement dans une articulation, soient actifs sans qu’il y ait de changement de longueur, donc en restant statiques.)(Si vous ne voyez pas de quoi je parle, rappelez-vous la dernière fois que vous avez tenu ce guerrier II plus de 3 mn et la joyeuse cuisson que vous avez ressenti dans la jambe avant !)

Exploration de l’anatomie de l’épaule, en partant des os et en ajoutant une couche de tissu conjonctif par dessus une autre, autour des quatre articulations qui la composent. Comprendre la mécanique pour cerner l’importance de ce que l’on fait faire aux pratiquants, et pourquoi les préserver de Chaturanga Dandasana mal exécutés est primordial.
Et puis, au-delà de ça, avoir le plaisir de sentir en soi la mécanique qui entraîne enfin mon Bakasana coudes fléchis vers un Bakasana bras tendus (petite joie)(coucou mon ego !)… vivement la rentrée qu’on explore ça en cours !!! (Enfin « vivement », on se comprend…)

Je file relire Le cerveau de Bouddha de Rick Hanson, que nous devrons évoquer en discussions de groupes d’ici quelques jours.

∴ ∴ ∴

Day #1 – dimanche 14 juillet 2019 – ou le jour où je reviens sur l’entrée en matière

Le blog est resté en standby ces derniers mois, et je pensais sincèrement que nous pourrions vous concocter quelques jolies notes Aude et moi (ou à défaut au moins déposer ici notre recette de Golden Milk). Mais nous avons couru entre les formations à préparer, les cours à boucler (pour petits et grands), et mille autres choses qui nous ont bien occupées, entre Cuba, Londres et Paris.

quand tu tentes de maintenir le cap, mais que la vie te met des batons dans les roues

Il fallait bien une petite virée aux États-Unis, pour démarrer un 300hr en Vinyasa pour que j’aie une folle et furieuse envie de remettre par écrit mes impressions.

But first thing first, quelle formation ? Dans le petit univers du Yoga (ils appellent ça the scene ici), pour devenir prof, il faut commencer par une formation initiale de 200hr. Une fois qu’elle est validée, dans quelque branche du Yoga que ce soit, on peut commencer à enseigner. Première étape. Pour se perfectionner, il existe ensuite une formation de 300hr, qui permet de compléter cet enseignement initial (et d’aller plus loin encore dans la transmission, puisque l’on peut envisager alors de devenir formateur). Deuxième étape. (Je ne lance pas ici la question de faire d’autres 200hrs, pour rester simple, mais c’est quelque chose que je recommande vivement !)

Formée au Vinyasa par Gérard Arnaud en 2016 puis Mathieu Boldron en 2018, j’ai eu envie d’explorer davantage la discipline en démarrant un 300. Mais, me demanderez-vous, « Pourquoi Jason Crandell ? » (et puis, c’est qui d’abord ?)

(Oui : Pourquoi?)

Long story short
À dix-huit ans, j’ai passé un an dans une famille américaine (au beau milieu des plaines du Kansas). J’ai attendu désespérément une tornade, qui semblait être la seule promesse d’attraction locale. Je n’en ai jamais vu (ni de près, ni de loin). Bref. J’ai tout de même gardé de ce voyage une petite appétence pour l’anglais (et une amie pour la vie). Des années plus tard, quand j’ai commencé le Yoga, je me levais religieusement à 6h00 pour faire une petite pratique de trente minutes, généralement avec une vidéo sélectionnée sur la chaîne Youtube de Yoga with Adrienne ou Yoga by Candace, quand ce n’était pas Tara Stiles… Un jour, j’ai vu un reportage sur des profs de Yoga américains (Why we breathe?) où apparaissaient Dice Iida-Klein. Suite à ça, j’ai pris un abonnement à YogaGlo, pour avoir accès à plus de vidéos et pour pouvoir explorer un peu la pratique d’autres profs.
J’ai ainsi commencé à pratiquer avec Jason Crandell, dont j’appréciais la simplicité de l’approche. Des séquences basiques, très bien expliquées sur le plan anatomique. Des étapes bien ciblées pour entrer dans les postures, un séquençage efficace.

Et puis, magie de la vie : Jason fait partie de ces profs qui ont à cœur de partager. Il le fait magistralement sur le blog de son site qui regorge de séquences, d’articles sur l’anatomie et autres. Sa femme, Andrea Ferreti, l’accompagne dans son travail, tout en animant le podcast Yogaland (des heures et des heures d’écoute!!!) Bref… en naviguant sur le site, j’ai découvert que Jason donnait son 300 en modules de 100 et j’ai trouvé le concept pratique. Car personnellement, j’avais deux freins énormes à la perspective de faire un 300 à l’étranger : ne pas voir ma fille pendant près de six semaines, et abandonner mes élèves dans la foulée… Pouvoir scinder la formation en trois fois, et être libre de l’organiser à ma convenance (pas de timing imposé ! Chacun programme sa formation à son gré, son rythme).
Cette année, peut-être l’effet de la quarantaine, peut-être parce que j’ai été happée par la soif d’apprendre suite au training de Bernie Clark, peut-être parce que j’avais envie de voyager… (sûrement un mix de tout cela!) j’ai décidé de démarrer ce 300. Je comptais suivre mon premier module à Londres au mois d’août, mais terrible coup du sort, au moment de m’inscrire, plus de places ! J’ai du me « rabattre » sur un autre module à San Francisco : shoulders, neck and upper back. Cela tombe à pic : depuis quelques mois ma ceinture scapulaire me joue des tours…

Et pour la blague, il y a quelques semaines, Jason a évoqué le Yin Yoga et toutes les réserves qu’il a par rapport à cette discipline sur Yogaland. Tollé. La communauté de Yinsters a réclamé un droit de réponse, demandant l’intervention de Bernie Clark. J’ai suivi ça de loin, souriant à l’idée que cette année je me forme auprès d’eux deux…

 

Comments 6

  1. J’ai hâte d’explorer tout ça avec toi en cours
    Jai lu un article sur les hanches et leur siuplesse6qui dépendre lepaisseurxde ton os….à mediter

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      Oui la mobilité de l’articulation dépend entre autres de la manière dont la tête du fémur s’insère dans l’acetabulum (la cavité articulaire de l’os iliaque). La forme des os a une incidence énorme sur la manière dont tout cela peut bouger et surtout sur l’amplitude du mouvement…

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  2. Tient c’est drôle, dernièrement lorsque j’ai fais réaliser cette posture dans un cours de femmes, elles m’ont plutôt fait remarquer les douleurs engendrées à la poitrine, qu’aux épaules…

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      Probablement parce qu’elles ont senti l’étirement de leur pec, qui est aussi visé ici. Ou bien trouvaient-elles cela désagréable uniquement à cause de leur anatomie ? Le fait de devoir faire attention aux ligaments n’implique pas nécessairement de ressentir une douleur à cet endroit. Bref… Tu leur as conseillé quoi? Et est-ce que cela a changé quelque chose pour elles?

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